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06 Feb

Garbell : un grand peintre à Mers-les-Bains - par Dominique MOREL

Publié par Association des Propriétaires de Mers-les-Bains  - Catégories :  #nos adhérents ont du talent

Alexandre, dit Sacha GARBELL (1903-1970)

Le parasol jaune sur la plage, Mers-les-Bains - Garbell
Le parasol jaune sur la plage, Mers-les-Bains
Huile sur papier signée en bas à gauche "Garbell"
 20,5 x 20,5 cm (col. part.)

 

Un peintre russe à Paris

 

Alexandre Garbell est né en 1903 à Riga, en Lettonie qui était alors sous domination russe. Peu après la Révolution de 1917, il émigre en Allemagne, puis s’installe à Paris en 1923, à la suite d’autres Russes, comme Lanskoy ou Poliakoff. La Ville-Lumière où se font et se défont les carrières artistiques est alors une étape obligée pour tous les apprentis peintres et peintres en devenir. Garbell s’inscrit dans une Académie libre, l’Académie Ranson où enseigne Bissière qui pratique une peinture colorée issue du cubisme. Rapidement Garbell s’émancipe des leçons de son maître et développe un art personnel.

 

Dès 1927-1928, il découvre les rivages de la Manche et se prend d’affection pour le Tréport et pour sa sœur jumelle, Mers-les-Bains, située de l’autre côté de la Bresle. Tout au long de sa carrière, il s’attachera à représenter la digue-promenade du Tréport avec les silhouettes des promeneurs et le phare qui clôt la perspective d’un élan vertical, les rangées de villas que surmontent les falaises considérées comme les plus hautes d’Europe, les baigneurs massés sur le sable, à l’ombre d’un parasol jaune.

 

 

"Tachiste" ou "paysagiste abstrait" ?

détail du tableau "Le parasol jaune sur la plage"

Comme d’autres peintres de l’École de Paris, Garbell s’interdit de pratiquer un art complètement abstrait.

 

Dans ce petit tableau, qui est sans doute l’esquisse ou la répétition d’une toile d’un plus grand format, Garbell multiplie les références au réel ; il représente fidèlement la grande masse blanche de la falaise, qui s’incline en pente douce au centre de la composition, et trace de manière précise la découpe du parasol jaune qui enserre dans ses bords festonnés des silhouettes aux carnations roses et à la chevelure sombre. Mais les contours des personnages et les lignes du paysage sont comme brouillés. La virulence du jaune cadmium, qui irradie la toile, les empâtements blancs en forme de taches, qui alternent dans la partie droite du tableau avec des touches bleutées nous font oublier qu’il s’agit d’un paysage décrit et vécu.

 

Ne s’agit-il pas plutôt d’une leçon de peinture pure, dégagée des contingences du réel ?

 

Quelques dizaines d’années auparavant, le peintre Maurice Denis (1870-1943) rappelait déjà « qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ».

 

Dominique Morel - février 2022

 

Caroline Larroche/Louise Graatsma, Garbell. Les métaphores d’un peintre, Paris, Altamira/David B., 2009.
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